L'aveu.

Je suis coincée dans ma tête, et pour une fois je n’y suis pas bien – vraiment pas bien. J’aimerai y sortir. J’aimerai pouvoir faire quelque chose. Mais plus je veux, moins je bouge. Je me crie dessus intérieurement : peut-être que si je crie assez fort je me réveillerais enfin ? Je ferais quelque chose ? Mais rien ne se passe. De l’extérieur je suis calme. Je contrôle mes sentiments, je parle un peu trop à la fac, je mange peu, je m’endors la journée et pense trop la nuit. De l’extérieur je suis complètement calme. Je ne m’énerve pas, je ne réagis pas. Je souris, je ris, j’explique calmement mon point de vue à mes parents – et de temps en temps, je pleure. Une larme ou deux, silencieusement. Je laisse couler et je rejette tout d’un coup, d’un simple coup de main. J’aimerai que ce soit aussi facile – tu sais, pouvoir effacer tous nos soucis et nos pensées d’un simple coup de main. Mais ça ne l’est pas, je l’ai vite compris.

A l’intérieur c’est une guerre sans merci. Une véritable tempête. Je vis dans ma tête et je n’y suis pas à l’aise. Un lieu que j’aimais tellement, qui était si beau et si organisé – qui était devenu mon havre de paix – est aujourd’hui un endroit vide, rempli d’un vent qui me jette d’un bout à l’autre de mon cerveau. Je me cogne d’un côté, je n’ai plus de force mais le vent n’attend pas que je me relève : il revient et me relance de l’autre côté. J’ai mal aux épaules à force de me cogner. Je sais que c’est passager. Je sais que j’irai mieux. Je sais que j’en vaux la peine. Je sais aussi que je prends les bonnes décisions. Mais là je me regarde et j’ai juste l’impression de me désintégrer peu à peu sous mes yeux, et c’est troublant. Peu à peu, tout part. Je m’accroche quelque part, et instantanément ça se détruit. Je titube par ci par là, cherchant désespérément Kira des yeux. Elle vient, elle repart, et je perds mes repères. Je suis toute seule, je titube et je me sens toute petite. Et je ne sais plus quoi faire.

Rien n’est logique. Rien n’a de sens. Et je ne sais pas quoi faire.
Et je ne sais plus quoi faire. Dites-moi quoi faire, s’il vous plait, je suis à court d’idées.