" Non mais rien, c'était juste une petite réflexion
passagère qui reste d'actualité, en fait: on sera peut-être
jamais ensemble lui et moi. Mais je m'en fiche. M'en fiche,
m'en fiche, m'en fiche. Il est là. Et il est chou. Et il est beau.
Et il est drôle... Et je suis salement amoureuse. "
Pour l'année de mes vingt ans, j'avais tout prévu. Tout était dans les symboles. Je sors de l'adolescence, je deviens une adulte. "Alors durant l'année de mes vingt ans" petite S. s'est dit, "j'assumerai ce que je pense. Et j'assumerai comment je veux vivre. Et je commencerai réellement à vivre comme je l'ai toujours rêvé, ou je m'en approcherai. Et je vivrai à fond, dans tout ce que je fais." Petite moi avait bien prédit. Je le fais, tout ça. Mais si on m'avait dit " Tu sais, tout ça viendra en second plan. L'année de tes vingt ans, tu tomberas salement amoureuse." et bien j'aurai ris. Mais vraiment, et très fort. "Pourquoi je ferais ça? Quelques crush, oui bien sûr. Il y aura des histoires, des petites histoires sans conséquence. Y aura des mecs que je croiserais dans la rue, et je me tournerai vers mes amies en disant à quel point il est beau, quand même; et je referai pareil quelques rues plus loin - parce qu'à Lyon, bon, y a des beaux mecs, on va pas se leurrer. Y aura bien un peu de flirts, une ou deux phrases par-ci par-là. Mais il y aura personne. Juste moi et mes amis qui en rencontrent d'autres. Et ça me va, ça me va très bien. Pourquoi est-ce que je tomberai amoureuse? C'est bon pour les films, ça. "
Et puis j'ai eu vingt ans et un peu de temps est passé. Et c'est arrivé. Les papillons dans le ventre quand il s'approche un peu, les rêves fréquents et l'envie intenable de le faire rire le plus possible. Le besoin de lui parler tous les jours, l'assurance qu'avec lui je ne risque rien et toutes les fois où je me surprends à sourire parce que je pense à lui. Et surtout me rendre compte que je préfererai le voir face à moi m'expliquer les maths de A à Z (que j'essaie réellement de comprendre, pour une fois), plutôt que d'être devant les chutes du Niagara. Je crois que c'est là où on se rends compte que c'est foutu, qu'on est salement dedans, jusqu'au cou même. Quand on s'en fiche, de voyager et de découvrir le monde, tant qu'on découvre ses pensées. Quand les chutes ne deviennent que de l'eau qui tombe, loin de lui, et plus un petit joyau naturel (et affreusement touristique maintenant).
Et puis il y a toutes les fois où il n'est pas là - et qu'il me manque à en crever. "Ca fait mal? Ca te rend triste?" Oui. Pour les deux. Ca fait mal parce que c'est pas ce que je veux, et ça fait toujours un peu mal quand on a pas ce qu'on veut. Et puis ça me rends triste parce que c'est du temps qu'on aura jamais pour nous, c'est vrai. Mais ça me fait sourire. Et j'oublie la douleur, j'oublie la tristesse. Je pense à lui et tout passe. Cliché? Oui, oui. Absolument. Mais si vous saviez comme je m'en fiche. Je pense à lui et je souris très grand. Parce que je sais qu'il est là quelque part, à faire rire plein de gens. Ou à manger de la soupe. Ou à coder, du métal dans les oreilles. Il y a tout un monde, dehors, rempli de milliars de gens. Et j'ai pu tomber sur lui. Il a croisé ma route. Alors, oui, quand il est loin il me manque. Mais je suis chanceuse, d'avoir quelqu'un qui me manque comme ça.
J'ai vingt ans et vous aviez raison, je suis salement amoureuse.
Mais la distance est là:
Elle effraie les amoureux,
Et nous elle nous paralyse.