Au détour d'une ruelle

Les rues de Lyon étaient calmes et étonnamment fréquentées à une heure du matin. Elle y était bien, protégée dans sa voiture, à voir les gens défilés. Elle levait son petit nez et regardait à travers la fenêtre, à sa droite, pour s’abandonner à son activité préférée : regarder les gens en se demandant d’où ils viennent, où ils vont et quelle est cette petite chose qui les rendent si spécial aux yeux de leur entourage. Peut-être rentrent-ils chez eux après une journée longue et épuisante ? Peut-être qu’ils sortent de chez un ami qu’ils n’avaient pas vu depuis quelques années, et qu’après dix minutes d’un silence plein d’embarras et de quelques bouteilles de bière ils s’étaient enfin retrouvés. Peut-être étaient-ils tristes, ou excités, ou plein d’espoir ou affamés. Elle ne le saurai jamais… et cette idée lui plaisait.

De plus en plus de personnes défilaient devant sa petite Punto rouge. Et elle, avec un air ébahi, elle leur donnait un nom. Jean,  Matthieu, Margaret, Lucie… Oh, sans oublier Erica et Pierre qui fêtent leur quatrième anniversaire ensemble. Ils se tenaient la main et avançaient côte à côte, souriant niaisement et se regardant du coin de l’œil. Ce qu’il se passe chez eux, en privée, le reste de l’année importe peu. Elle les voyait passer devant elle et elle les trouvait beau, ensemble. Et elle se disait que finalement, on trouve la vie au cœur des étrangers qu’on ne reverra jamais.

Les rues étaient illuminées, l’air était chaud et les robes de sorties. Et elle, elle était heureuse de n’être qu’une simple observatrice dans les rues calmes de Lyon, à une heure du matin.