We are infinite.

C'était une histoire de lune. De cette grosse, imposante et belle lune qui remplissait le ciel de sa belle lumière certaines nuits. Elle en était amoureuse. Et dès qu'elle la voyait, elle se hâtait à la fenêtre d'où elle l'observait pendants des heures.

Elle émanait quelque chose de magique, cette lune. Peut-être était-ce par la lenteur de son déplacement. Ou la grandeur de sa lumière. Ou encore la tranquilité de sa venue. Quelle que soit la raison, la lune était là et elle se complaisait en sa présence. Comme si un secret était partagé entre elles deux. Comme si personne d'autre ne la voyait à part cette petite fille, de sa fenêtre.

C'était une histoire de lune. De cette grosse, imposante et belle lune qui remplissait le ciel de sa belle lumière certaines nuits. C'était une histoire de magie, qui l'attirait à chaque nuit. Mais c'était surtout une histoire... Une histoire de solitude.

Eh moustique! Petit moustique! Foutu moustique! Va voir ailleurs si j'y suis. Quand tu viens et que ton bruit incessant parvient à mon oreille, mon corps s'alarme et ma haine augmente. Eh moustique! Méchant moustique! Vilain moustique! Arrête de me mordre par ton simple son. Ta compagnie m'est intolérable. Et désolé, entre nous, ça ne fonctionnera jamais. J'avais envie de dire "ce n'est pas toi, c'est moi" mais ce serait mentir. C'est clairement toi, c'est rien que toi, c'est toi à 100%. T'es trop bruyant, trop indépendant. Pas assez constant, un peu trop alarmant. Et Dieu, que tu es tactile. Alors non, espèce de petit moustique, ça ne fonctionnera pas désolé. Bzz tant que tu veux autour de mes oreilles, ça ne changera rien. A part peut-être ta vie. A part mon quotidien.

P'tit chat, tout p'tit chat, mon tout p'tit chat: Chaton. Les heures passent, le temps presse, le stress monte. Mais toi, p'tit chat, tout p'tit chat, mon tout p'tit chat: tu t'en fiches. Tu miaules et tu dors. Tu miaules et tu pars. Indépendant, majestueux. Calin, et bien gracieux. Seul mais toujours accompagné. Tu sautes devant tes obtacles, tu cours derrière tes souris. Mais nous, pauvres humains, on tente de t'imiter et on se prend le mur.

P'tit chat, tout p'tit chat, mon tout p'tit chat: Chaton. S'il te plait, je t'en supplie, apprend moi à miauler.

Les rues de Lyon étaient calmes et étonnamment fréquentées à une heure du matin. Elle y était bien, protégée dans sa voiture, à voir les gens défilés. Elle levait son petit nez et regardait à travers la fenêtre, à sa droite, pour s’abandonner à son activité préférée : regarder les gens en se demandant d’où ils viennent, où ils vont et quelle est cette petite chose qui les rendent si spécial aux yeux de leur entourage. Peut-être rentrent-ils chez eux après une journée longue et épuisante ? Peut-être qu’ils sortent de chez un ami qu’ils n’avaient pas vu depuis quelques années, et qu’après dix minutes d’un silence plein d’embarras et de quelques bouteilles de bière ils s’étaient enfin retrouvés. Peut-être étaient-ils tristes, ou excités, ou plein d’espoir ou affamés. Elle ne le saurai jamais… et cette idée lui plaisait.

De plus en plus de personnes défilaient devant sa petite Punto rouge. Et elle, avec un air ébahi, elle leur donnait un nom. Jean,  Matthieu, Margaret, Lucie… Oh, sans oublier Erica et Pierre qui fêtent leur quatrième anniversaire ensemble. Ils se tenaient la main et avançaient côte à côte, souriant niaisement et se regardant du coin de l’œil. Ce qu’il se passe chez eux, en privée, le reste de l’année importe peu. Elle les voyait passer devant elle et elle les trouvait beau, ensemble. Et elle se disait que finalement, on trouve la vie au cœur des étrangers qu’on ne reverra jamais.

Les rues étaient illuminées, l’air était chaud et les robes de sorties. Et elle, elle était heureuse de n’être qu’une simple observatrice dans les rues calmes de Lyon, à une heure du matin.